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François, évêque de Genève

1567 - 1622

BIOGRAPHIE

 

François, évêque de Genève : c'est comme cela que François de Sales signait ses lettres à la Baronne de Chantal.

 

Cette petite biographie illustrée vous montrera combien la vie de l'évêque de Genève, exilé à Annecy, est liée à l'Histoire et à la géographie de son époque.

 

Crédits photos (sauf portraits et dernière photo) : David Laurent

François de Sales est né le 21 août 1567 au château de Thorens (20 km au nord d’Annecy). Le château n'existe plus mais une chapelle a été construite à l'emplacement de la chambre où naquit François.

 

A quelques centaines de mètres subsiste l'autre château de la famille de Sales, propriété de cette famille depuis 1559.

François est issu d'une famille de vieille noblesse savoyarde.

 

Son père, François de Sales (1522-1601), aurait pu être son grand-père, tandis que sa mère, Françoise de Sionnaz, dame de Boisy et La Thuille (1553-1610) aurait pu être sa soeur. François en était très proche, comme en témoignent plusieurs de ses lettres à Jeanne de Chantal.

Du mariage de François père et Françoise naquirent treize enfants dont cinq moururent à la naissance :

Melchior (1584), Melchide (1585), Jean (1590), Marguerite et Jeannine.

François est l'aîné.

Puis vinrent après lui :

- Gallois (1576-1614) ;

- Louis (1577-1654), comte de Sales, seigneur de La Thuille, puis baron de Thorens après la mort de son frère Bernard ;

- Jean-François (1578-1635), coadjuteur puis successeur de son frère François. Aumônier de "Madame Royale" princesse de Piémont ;

- Bernard (1583-1617), baron de Thorens. Il épousa Marie-Aimée de Rabutin-Chantal en 1609 (voir ci-dessous) ;

- Janus (1588-1640) chevalier de Malte ;

- Gasparde (1580-1629) qui épousa en 1595 Melchior de Cornillon, seigneur de Meyrens ;

- Jeanne (1593-1607) décédée à 14 ans en Bourgogne alors qu'elle était en pension chez la Baronne de Chantal (voir la rubrique "Une lettre par mois" - Novembre).

 

La Savoie est indépendante depuis le XIème siècle, érigée en duché au début du XVème siècle. Jusqu'à la fin du XVème siècle, la capitale fut Chambéry, mais à l'époque de St François de Sales, c'était Turin. Au début du XVIIème siècle, François de Sales fut chargé de missions diplomatiques avec le roi de France (Henri IV), notamment dans le cadre d'échanges de territoires. La Savoie fut rattachée à la France en 1860.

On peut voir dans ce château le mobilier ministériel de Cavour, l'artisan de l'unité italienne, car il est issu de la famille de Sales.

 

 

 

 

Baptistère de l'église de Thorens où fut baptisé le futur évêque le 22 août 1567.

 

C'est dans cette même église de Thorens que François fut sacré évêque. Cela lui évita de choisir entre Annecy et Genève, sur fond de conflit entre la Savoie alliée à l'Espagne catholique d'un côté, la France et Genève de l'autre. Le duc de Savoie lui reprochait déjà d'avoir de trop bonnes relations avec la France.

 

 

Formé chez les Jésuites à Paris de 1582 à 1588, il restera très attaché à la Compagnie de Jésus. Il étudie le droit à Padoue de 1588 à 1592 pour être sénateur au Parlement de Savoie. Mais à son retour, il renonce à la magistrature et choisit le sacerdoce. Il sera ordonné en 1593.

Sa famille lui avait obtenu la prestigieuse prévôté du chapitre de Genève (2ème poste du diocèse), mais il préfère l’action pastorale et se lance à la conquête du Chablais (rive sud du Léman). Il y risque sa vie mais, en 6 ans, il reconquiert de nombreux protestants à la foi catholique. Ici, 2 églises de Thonon : la basilique St François à gauche (fin XIXème) et St Hippolyte à droite où, à partir de Noël 1596, le jeune prêtre François venait célébrer dans la gueule du loup. Au début, il y avait 15 personnes. A côté de St Hippolyte, il fonda la Sainte Maison, un oratoire de Saint Philippe Néri, pour rétablir la vie contemplative (oraison amoureuse), l'éducation spirituelle, la vie sacramentelle. Puis il fut nommé coadjuteur de Genève en 1599 (aux mains des Calvinistes).

Le soir, il venait se réfugier sur un sommet proche qui dominait le Chablais. Pendant que François tentait de convertir les âmes, surtout celles des élites, les ducs de Savoie essayaient de reconquérir le Chablais par les armes. Au bout de 6 ans, François avait gagné, ayant conquis beaucoup de protestants et de soldats grâce à sa douceur, et grâce à la Bible. Le jeune prêtre fut le premier à imprimer des tracts à grande échelle et à les distribuer dans les boites aux lettres des protestants. C'est pourquoi saint François de Sales est le patron des journalistes .

 

 

Sur ce sommet se dressait le château des Allinges. En ruine aujourd'hui, mais il reste la chapelle.

 

 

Dans cette chapelle est conservé l'un des chapeaux de François de Sales (dans le reliquaire à gauche).

 

L'évêque de Genève aimait également se ressourcer non loin de là sur les Monts Voirons, d'où il dominait l'extrémité du Chablais.

 

Dans la brume, on distingue à peine son "épouse" (la ville de Genève). "Priez bien pour mon épouse" écrivit-il à Jeanne de Chantal.

 

 

 

François de Sales venait prier dans une chapelle perdue dans la montagne.

Consacré en 1602 dans l’église de son baptême à Thorens, après deux voyages importants à Rome et à Paris (visites diplomatiques pour régler le sort des territoires protestants de son diocèse). Il fait des rencontres déterminantes avec Robert Bellarmin à Rome, avec Henri IV, Bérulle, les membres du cercle dévot de Madame Acarie par qui est entré le Carmel réformé en France, foyer de la renaissance mystique française au lendemain des guerres de religion.

 

1609 - 1619 : Introduction à la vie dévote (plus de 1000 éditions en toutes langues, dont assez rapidement le breton, l'un des ouvrages les plus imprimés au monde), probablement sur commande d’Henri IV qui aurait bien voulu avoir cet évêque Ã  sa cour.

 

1616 : Traité de l’Amour de Dieu

 

 

 

 

Annecy et le château des Ducs de Nemours

 

 

Genève est définitivement perdue pour son diocèse et pour les ducs de Savoie 15 jours après sa consécration, d’où une grande précarité matérielle pour l’épiscopat de François de Sales. Il s’installe à Annecy (5000 âmes). Cette perte de Genève fera la fortune d'Annecy.

 

L'évêque jouit déjà d’une grande réputation de prédicateur et d’homme d’Église. Il est accueilli solennellement à la porte de la ville, puis conduit à la cathédrale...

 

 

 

 

 

... par les petites rues de la Venise savoyarde.

 

Porte de la cathédrale.

 

Choeur de la cathédrale.

 

Face à la cathédrale : l'évêché.

 

L'ancienne prison d'Annecy.

 

A l'époque, il était courant de mettre les prêtres en prison quand ils n'étaient pas "dans la ligne". Leur évêque François rendait leur séjour aussi agréable que possible et en profitait pour les catéchiser.

Église Saint-François-de-Sales d'Annecy.

 

 

Avec son grand ami Antoine Favre, président du Sénat de Savoie, François de Sales fonde en 1606 l'Académie florimontane, dont le but était de redonner des lettres aux gens d'Église. Il n'y avait pas de séminaire en Savoie par manque de finances. L'Académie était ouverte à tous, mais prioritairement au clergé. L'évêque y donnait l'enseignement fondamental. La fille du Président Favre, à 20 ans, sera l'une des trois premières visitandines. Cette Académie est sans doute le prototype de l'Académie Française. En effet, l'un des fondateurs de cette dernière, le grammairien Vaugelas (Claude Favre), n'est autre que le propre fils du Président Favre.

 

 

 

 

 

Le lac, inséparable de la ville d'Annecy. Il arrivait à l'évêque de Genève de le traverser en barque.

 

 

 

 

 

L'abbaye de Talloires, au bord du lac. En fait d'abbaye, c'est maintenant un restaurant très réputé...

 

 

 

 

Surplombant le lac, le belvédère de l'ermitage Saint-Germain, où François de Sales aimait beaucoup venir en retraite. C'était son lieu de travail.

 

 

 

L'ermitage. L'évêque de Genève rêvait d'y finir ses jours.

 

Pour l'anecdote, au XXème siècle, les habitants du hameau ont constitué une SCI pour acheter la petite église et ainsi conserver leur curé. Ça ne fait que quelques années que le diocèse a mis fin à cette situation juridique originale.

 

 

Sur les hauteurs d'Annecy se dresse le monastère actuel de la Visitation. C'est là que l'on peut se recueillir devant les tombeaux de saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal.

 

Invité à prêcher le Carême à Dijon en 1604, le jeune évêque y rencontre la Baronne de Chantal, veuve depuis 4 ans, ce qui aboutira à la fondation de la Visitation en 1610.

 

 

 

 

Non loin du lac se trouve le premier monastère de la Visitation. Voici la chapelle où les 3 premières visitandines priaient et assistaient à la messe.

 

 

 

 

Chambre de la Mère fondatrice, Jeanne-Françoise de Chantal.

JDC

 

Jeanne-Françoise, Baronne de Chantal (1572-1641). Veuve à 28 ans du baron Christophe de Rabutin-Chantal, mort d'un accident de chasse. Ils eurent 6 enfants, dont 2 moururent à la naissance et une fille à 10 ans (Charlotte, 1601-1610). Une autre fille (Marie-Aimée, 1598-1617) se maria à 11 ans avec Bernard de Sales, un frère de François de Sales (condition exigée par Mgr Fremyot, frère de Jeanne, pour la laisser partir à Annecy, ce qui n'a pas empêché cet évêque de Bourges de faire 4 procès à son confrère de Genève). Mais Marie-Aimée perdit la même année, à 19 ans, son mari, son bébé mort à la naissance et sa propre vie quelques jours plus tard, après avoir reçu de François de Sales le voile des Visitandines.

 

Des quatre enfants survivants, l'aîné - et le seul garçon - est Celse-Bénigne (1594-1627), baron de Chantal, de Bourbilly et de Monthelon. Il épousa Marie de Coulanges en 1623.

De ce mariage naquit Marie, qui épousa en 1644 Henri, marquis de Sévigné (originaire de Cesson-Sévigné près de Rennes et né au château des Rochers près de Vitré). C'est pourquoi la petite-fille de sainte Jeanne-Françoise de Chantal est universellement connue sous le nom de Marquise de Sévigné (1626-1696).

Celse-Bénigne fut tué à l'Ile de Ré dans un combat contre les Anglais le 22 juillet 1627.

 

Le seul enfant de Jeanne-Françoise et Christophe de Rabutin-Chantal qui atteignit l'âge de la vieillesse est Françoise (1599-1684). Elle épousa en 1620 Antoine de Toulongeon qui mourut gouverneur de Pignerol en 1633.

 

 

 

 

Cour intérieure du premier monastère de la Visitation.

 

 

 

 

Cloître du troisième monastère de la Visitation, qui jouxte le premier.

 

Voilà la vie de l'évêque de Genève : vie surchargée, confesseur des petits et des grands, réformateur de plusieurs communautés religieuses, confident des princes, diplomate chargé de missions délicates.

 

Il fait un dernier séjour à Paris en 1618 pour une mission diplomatique où il rencontre Richelieu et Vincent de Paul. Vincent de Paul lui succèdera à la Visitation. Il meurt d’épuisement à Lyon le 28 décembre 1622 à l’occasion d’un dernier voyage avec la cour de Savoie. 

 

 

Introduction à la Vie Dévote

manuscrit et première édition, de 1609.

Jeanne-Françoise de Chantal est morte à Moulins le 13 décembre 1641. Elle a été béatifiée en 1751 par Benoît XIV et canonisée le 16 juillet 1767 par Clément XIII. Depuis 2003, elle est fêtée le 12 août et non plus le 12 décembre.

 

François de Sales a été béatifié en 1661 et canonisé dès 1665. En 1877, il est déclaré Docteur de l'Église par le pape Pie IX (on l'appelle le "Docteur de l'Amour divin et de la douceur évangélique"). Il est fêté le 24 janvier.

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